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Afin de tirer le plus grand bénéfice pédagogique des œuvres littéraires que nous choisissons d’intégrer à notre planification, voici des canevas de littérature jeunesse. Élaborés en collaboration avec les membres du chantier Llittérature jeunesse, voici les versions les plus à jour de ces canevas !
Consulter un exemple d’utilisation de ce canevas réalisé à partir de l’album #boucledor
1er cycle du primaire
2e cycle du primaire
3e cycle du primaire
Nul ne doute du potentiel de la littérature jeunesse dans le développement des compétences du primaire, mais cette certitude n’est pas sans écueils potentiels, surtout quand vient le temps de la didactiser dans le cadre du cours Culture et citoyenneté québécoise (CCQ). Alors que celui-ci vise explicitement à préparer les élèves à l'exercice de la citoyenneté par le développement de la pensée critique et la pratique du dialogue, l'intégration de la littérature, bien que prometteuse, requiert une approche nuancée pour transcender les simples compétences de décodage et embrasser une véritable portée sociologique et éthique.
La littérature jeunesse compte en elle-même des intentions qui, souvent, visent à faire apprendre des comportements jugés «adéquats» par une société : ne jette pas tes déchets par terre, respecte tes pairs, prends soin de ton animal domestique, etc. Si l’apprentissage de ces comportements ne s’oppose nullement à la poursuite du bien commun, le chemin emprunté pour susciter l’adhésion, lui, peut entrer en contradiction avec notre posture didactique disciplinaire. Loin d’invalider l’usage de la littérature jeunesse, cette observation invite tout de même la personne enseignante à tenir compte des points de vue moralisateurs présents dans les œuvres, à les traiter comme tels, à les souligner et à les contraster avec d’autres points de vue.
La littérature jeunesse ne peut être considérée comme une source primaire pour étudier une réalité culturelle. Bien qu’elle porte en elle une certaine marque de culture dont elle est issue - aucune œuvre ne se crée dans un vide culturel - elle ne peut en elle- même jouer le rôle de statistiques, de témoignages ou de toute autre donnée qui nous permet d’avoir des prises sur une réalité. C’est entre autres pourquoi une œuvre de littérature jeunesse devrait toujours être accompagnée de ressources documentaires complémentaires permettant d’établir des liens de comparaison entre la réalité et sa représentation en fiction.
Malgré ces écueils possibles, le décentrement qu’elle facilite suffit probablement en lui-même à justifier son usage. En effet, Chirouter (2006) note que la littérature, et plus particulièrement la littérature jeunesse, se distingue par sa capacité à favoriser un processus de décentration, essentiel au développement de la pensée critique et à la compréhension de l’autre. En créant des récits qui donnent accès à des mondes possibles, elle permet aux élèves de prendre distance par rapport à leur propre subjectivité, tout en abordant des enjeux universels comme la mort, l’amitié ou l’injustice. Par cette mise à distance, elle soutient la réflexion sur des notions complexes, tout en cultivant l’empathie, l’examen des préjugés et la formulation de jugements philosophiques et éthiques. Ainsi, la littérature agit comme un espace de médiation entre l’expérience intime et le conceptuel, entre l’affectif et le rationnel. Appliquée au cours CCQ, cette capacité de décentrement entre en résonance directe avec les objectifs du programme. Que ce soit pour susciter le dialogue, encourager l’analyse de stéréotypes, viser la reconnaissance des émotions possibles ou à favoriser la compréhension de différentes perspectives (notamment celles des Premiers Peuples), la littérature constitue un outil pédagogique puissant. Elle permet aux élèves de s’exercer à penser autrement, à justifier leurs idées, à confronter leurs repères et à se préparer, de façon sensible et critique, à l’exercice d’une citoyenneté éclairée.
Chirouter, E. (2006). La portée philosophique de la littérature jeunesse. Communication présentée aux 7e Rencontres des chercheurs en Didactique de la Littérature, IUFM de Montpellier, 6–8 avril 2006.
Sims Bishop, R. (1990). Mirrors, Windows and Sliding Glass Doors. Perspectives : Using and choosing books for the classroom, vol. 6 (3).